1979, Denis Lefebvre avec Claude Fuzier dans la cour du Sénat

1985, Denis Lefebvre avec Claude Fuzier

Claude Fuzier ? J’ai fait sa connaissance la première fois à Bondy, fin 1975.
Jeune diplômé en journalisme depuis l’été 1975, j’étais allé voir à la rentrée de septembre Guy Mollet à l’OURS, pour lui demander ce que je devais faire de ma vie. Pas moins !
Je baignais dans le socialisme depuis plusieurs années déjà, militant socialiste depuis 1973, lecteur de « l’OURS » et de « la Bataille socialiste ». Guy Mollet avait été le seul à me défendre dans une sombre histoire qui avait failli me priver de mon diplôme de journaliste, à propos de la rédaction de mon mémoire de fin d’études, consacré à « Nord-Matin », dont quelques points étaient jugés diffamatoires par certains…
Je m’en étais sorti, finalement, et l’intervention de Guy Mollet auprès des dirigeants de l’IUT y a été pour beaucoup. Jeune diplômé de l’Institut universitaire de technologie de Tours, j’hésitai entre le journalisme et l’histoire. L’idéal aurait été bien sûr de concilier les deux. Je ne me souviens plus dans le détail de ce que Guy Mollet m’a dit ce jour-là. Un flash, cependant. Sentant sans doute que je me passionnais pour la politique, il m’a conseillé de poursuivre des études : si je devenais un jour permanent politique, avec quelques parchemins, je pourrais toujours conserver ma liberté, et retrouver plus facilement un travail. Pour lui - fruit de l’expérience ! - trop de permanents politiques étaient pieds et poings liés, dans le cas de changements de majorité au sein d’un parti, et devaient tirer un trait sur leurs convictions, faute de pouvoir claquer la porte. Il avait tout à fait raison. Puis Guy Mollet a appelé Pierre Rimbert, autodidacte cheville ouvrière de l’Office qui, lui aussi, m’a conseillé de continuer des études. J’ai dû parler d’histoire… mais lui a insisté sur l’économie, seul moyen de pouvoir comprendre la réalité du monde, selon lui. Je n’ai pas suivi ces conseils, même si j’ai tenté quelques temps d’entreprendre des études d’histoire à Lille, trop content de trouver un prétexte pour les stopper net dès qu’André Delehedde m’a proposé de devenir son assistant parlementaire, début 1976.
Sur le pas de la porte, au moment du départ, Guy Mollet m’a conseillé d’aller voir Claude Fuzier, un journaliste, qui pourrait me donner de bons conseils. Quelques jours plus tard, Guy Mollet décédait, terrassé par une crise cardiaque.
J’ai donc téléphoné à la mairie de Bondy, pour prendre rendez-vous avec celui qui était aussi notre « patron » politique, la plume politique du courant Bataille socialiste, un courant venait de sombrer quelques mois plus tôt, laminé lors du congrès socialiste de Pau. Il n’était alors que maire adjoint de Bondy, promis à la succession de Maurice Coutrot, et envoyait chaque semaine un article de politique étrangère ou une chronique littéraire à « l’Unité », l’hebdomadaire du Parti socialiste. Je me souviens d’avoir attendu dans son antichambre près d’une heure…  avant de pénétrer dans un bureau rempli de papiers et journaux divers. L’homme était déjà souvent en retard. Claude Fuzier a été captivant, comme il savait l’être, mais j’ai oublié la teneur de notre conversation.
Dans les mois qui ont suivi, j’ai repris régulièrement le chemin de la ville de Bondy, modeste participant aux réunions du CLARUS, qui avait été créé après la débandade du courant « molletiste ».
Puis, en 1978, je me suis installé dans cette ville.

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